« Va, vis, deviens ! » Ce titre d’un film remarquable sur le devenir d’un jeune, que sa mère abandonne volontairement pour le sauver de la famine, pourrait être celui de cet appel d’Abraham. 3 verbes de mouvement pour dire que la foi fait bouger. La foi n’est pas statique. Il s’agit de se mettre en route avec le Seigneur. Elle est un risque à prendre, une route à parcourir, une identité à découvrir.
« Quitte ! » Avoir foi, à la manière d’Abraham, c’est faire confiance à cette voix qu’il a entendue, qu’il a reconnue comme venant de plus loin que de lui-même et à laquelle il a obéi.
S’il l’a entendue, c’est qu’il n’a pas eu peur du silence.
S’il l’a reconnue comme venant de plus loin que de lui-même, c’est que cette voix portait en elle un avenir plus beau que le présent.
S’il a pris le risque de lui obéir, c’est qu’elle résonnait d’une singulière autorité.
La foi est une aventure proposée à l’homme, par Celui qui parle dans le silence, par Celui qui ouvre l’avenir, par Celui qui appelle à la vie.
Cette aventure suppose un dépouillement. Abraham doit quitter son passé, son pays, sa famille et la maison de son père. Il doit quitter sa matrice comme l’enfant qui veut naître doit quitter l’enveloppe maternelle.
« Va ! » Cette aventure de la foi a un but. « Va vers le pays que je te montrerai ! » dit le Seigneur. Ainsi, lui faut-il quitter la terre de ses ancêtres pour aller vers sa propre terre. Ce fut pour Abraham un itinéraire géographique. Cela devient pour nous un itinéraire intérieur. La pédagogie divine transforme l’horizontal en vertical et le géographique en spirituel. Si nous voulons entrer dans la terre promise à chacun, le pays que Dieu propose, la terre généreuse où notre vie trouvera sa fécondité et s’épanouira, nous ne pouvons pas faire l’impasse de cette itinérance intérieure qui réclame le silence, l’écoute et le dépouillement. C’est pour cela que nous faisons des pèlerinages pour célébrer cet itinérance et des retraites pour approfondir cette intériorité. Le premier pèlerinage à accomplir est celui qui, chaque jour, nous mène à la pièce la plus retirée pour prier et parler cœur-à-cœur avec le Seigneur.
« En toi, seront bénies toutes les familles de la terre. » Le pèlerinage intérieur nous mène à notre fécondité. Abram est devenu Abraham, il est devenu, pour son plus grand bonheur, l’instrument de la bénédiction divine. St Augustin en nous disant « Deviens ce que tu es » a la même espérance. Un homme devenu lui-même, devenu qui il est vraiment, un homme qui sonne juste, provoque ses semblables à leur authenticité. Il devient source de bénédiction pour ceux qu’il rencontre et qui, à leur tour, peuvent se mettre en route.
Sur la montagne de la Transfiguration, Jésus est manifesté aux disciples, « reflet resplendissant de la gloire du Père. ». Parfaitement ajusté à la volonté de Dieu, Il est l’homme des bénédictions. Pleinement Lui-même, le Fils Eternel rayonne l’amour lumineux. En Jésus, voici l’humanité traversée et vivifiée de vie divine. Aussi, le Christ nous propose-t-Il, en nous mettant à son écoute, d’atteindre cette terre promise pour que nous soyons tout ce que Dieu attend de nous, pour que nous devenions pleinement fils et filles du Père. Ce sera notre joie pour la vie éternelle.