LA BASILIQUE

Une écologie d’Espérance

1er déc. Avent 1

L’Avent est une école d’espérance et nous avons besoin d’apprendre à espérer. Nous entendons aujourd’hui des propos désespérés qui passent pour une sagesse nouvelle voire même pour une remarquable générosité. « Pour sauver la planète, ne faisons plus d’enfants ! » Certains, pour diverses raisons, n’ont pas pu ou pas voulu avoir d’enfants mais là, des hommes, des femmes, des couples s’inscrivent dans une démarche qui met en balance la planète et la génération. C’est l’expression d’une désespérance terrible, une sorte de dépression sociale qui est un consentement ultime au désastre qu’il prétend combattre.

 

Notre terre est mal en point. Nous sommes tous d’accord pour en convenir. Nos modes de vie, de production, de consommation, de transport entraînent toutes sortes de nuisances et de pollutions. L’émission excessive de gaz à effet de serre et de particules fines, l’épuisement des ressources naturelles et la stérilisation des sols, l’acidification des océans et le dérèglement climatique sont des réalités qui réclament des actions vigoureuses. La terre ne nous appartient pas, nous la recevons du Seigneur qui l’a confiée à l’humanité tout entière, pas à un seul peuple, ni à une seule génération. Nous devrons rendre compte de l’usage de la nature au Seigneur qui nous l’a confiée. La dureté du diagnostic condamne l’égoïsme conscient ou inconscient d’un mode d’organisation sociale et économique. Dès lors, il y a une culpabilité collective dont chacun de nous se trouve complice. Mais cette culpabilité collective n’est pas une malédiction, ni une perte de légitimité de l’humanité à habiter la terre, elle appelle une conversion, elle aussi collective, de la diversité de nos modes de présence à ce monde.

Transmettre la vie est le signe de l’espérance. C’est ainsi qu’au sortir de la IIe Guerre Mondiale, après un abominable conflit, l’espérance d’un monde meilleur que celui qui venait de s’écrouler s’est affirmée socialement par le fameux baby-boom. Pour les enfants qu’ils mettaient au monde, tous prenaient un nouveau départ. On se bat souvent plus et mieux pour les autres que pour soi.

L’Avent nourrit notre espérance en tournant nos regards vers un Enfant qui a sauvé le monde. L’Avent nous aide à croire que le salut est possible puisque le Sauveur est venu au devant de nous. Nous n’avons pas à renoncer, à nous résigner à la mort ou à l’extinction mais à prendre la mesure de ce qu’il faut sauver et des changements qu’il convient d’apporter à nos modes de vie, de production, de transport et de consommation (préférer le train plutôt que l’avion, réduire l’usage des plastiques jetables, mettre deux pulls plutôt que d’augmenter le chauffage, etc.) La vie du Christ, l’exemple des saints, une certaine sobriété monastique, un ascétisme chrétien… sont autant de sources d’inspiration pour que nous mettions à notre portée les actes nécessaires à la préservation durable de notre environnement sans nous enfermer dans la désespérance. « Aplanir les chemins du Seigneur » passe aussi par le respect de la création et d’une écologie intégrale, une écologie intégrant l’humanité elle-même car la planète n’a pas sa fin en elle-même mais elle a été créée pour l’humanité.

En nous promettant un Salut et un Sauveur, Dieu ne nous enferme pas dans nos fautes, fussent-elles contre l’écosystème. En préparant ensemble sa venue, nous nous donnons les moyens de faire de ce monde une terre accueillante. En accueillant de façon responsable la vie que Dieu transmet, nos générations se donnent des raisons de se battre pour que la vie continue.

 

Que cette Eucharistie qui ouvre une nouvelle année liturgique nous aide à toujours regarder au-delà de nos fautes et de leurs conséquences pour que nous soyons prêts à accueillir la venue du Sauveur. Il est notre vie et notre joie pour les siècles des siècles.