LA BASILIQUE

Faites-vous des amis avec l’argent trompeur

22 Sept.

« Faites-vous des amis avec l’argent malhonnête » Jésus ne craint pas les formules paradoxales. Derrière cette parabole où il est fait l’éloge du gérant malhonnête, Jésus, à la suite de l’enseignement biblique, nous invite à remettre les choses dans l’ordre. L’argent est au service des hommes et non l’inverse.

« Nous vendrons jusqu’aux déchets du froment ! » Chaque époque connaît ses abus. Nous apprenons régulièrement tel ou tel scandale : des steaks hachés sans viande vendus aux organisations caritatives ou de lasagne de bœuf à la viande de cheval ! Hier comme aujourd’hui, la cupidité, l’amour de l’argent, est la raison de ces abus. La cupidité est toujours condamnée. Toutefois, la révélation biblique avait d’abord identifié la prospérité matérielle avec la bénédiction divine. Le riche devait être un béni de Dieu puisqu’il était riche !!! Puis le sens spirituel s’est affiné et la richesse ne fut plus confondue avec la faveur divine. Plus encore, Amos et les prophètes ont fait prendre conscience au peuple de la malice de la cupidité jusqu’à St Jean qui dénonce « l’arrogance de la richesse » et St Paul qui identifie « la cupidité à l’idolâtrie. »
Cette malice de la cupidité conduit à la marchandisation de l’homme. « Nous pourrons acheter le faible pour un peu d’argent » car l’argent est un pouvoir d’autant plus fort qu’il s’exerce sur les plus démunis. La prostitution en est le visage le plus ancien, la PMA et la gestation pour autrui les formes les plus récentes. Le remède fondamental à la cupidité est la pauvreté librement choisie. Heureux les pauvres de cœur…
« Un homme riche avait un gérant. » L’enseignement de Jésus emprunte le chemin de nos vies ordinaires. Il ne fait pas de théologie compliquée, Il nous laisse cet exercice. Il ne s’agit pas d’abord de grandes envolées mystiques ou de connaissances ésotériques. Ce choix de la vie concrète pour illustrer son enseignement nous montre que l’Evangile se vit dans notre monde ordinaire. L’Evangile est une lumière qui nous permet d’analyser, d’évaluer notre quotidien et de l’orienter vers Dieu. Plus que le gérant, regardons le maître, cet homme riche. Cet homme riche, parce qu’il a les pieds sur terre, met de l’ordre dans son organisation en renvoyant le gérant malhonnête mais il est sans cupidité, il abandonne sa créance et se laisse un peu voler car il laisse son gérant se faire des « des amis avec l’argent malhonnête. » Il laisse son gérant malhonnête s’arranger avec son propre patrimoine. Il s’applique les conseils du Seigneur : « à qui t’enlève ton manteau, ne refuse pas ta tunique ; à qui t’enlève ton bien, ne le réclame pas. » Il imite la libéralité du Seigneur et donne sans rien espérer en retour. Le gérant malhonnête est loué pour cette habileté et non pour son vol. Se faire des amis, c’est bien affirmer dans nos choix  la primauté des relations personnelles sur l’abondance des biens matériels.
« Vous ne pouvez servir Dieu et l’argent. » Servir s’entend ici de manière religieuse : le culte. L’argent, faire de l’argent, ne peut être le but ultime de notre activité. Aujourd’hui, les footballeurs professionnels sont côtés comme des actions et une usine est jugée non seulement selon la rentabilité mais selon la profitabilité ! L’argent est malhonnête c’est-à-dire trompeur. Il nous illusionne sur sa capacité à faire notre bonheur or il est impuissant à racheter notre vie à la mort et  il ne nous appartient jamais, il est un bien dont nous ne sommes que les intendants. L’argent ne doit pas être méprisé. Il est un moyen que nous devons mettre en œuvre au bénéfice de tous, pour l’édification du Royaume. L’honnêteté est requise mais aussi l’imagination, l’inventivité, l’habileté pour faire beaucoup de bien avec ce dont nous disposons. C’est ce que la sagesse populaire résume en disant que l’agent est un bon serviteur et un mauvais maître.

Que cette Eucharistie où Jésus nous confie le trésor de sa vie nous libère des tentations de la cupidité et nous procure l’habileté pour faire grandir le Royaume de Dieu maintenant et pour les siècles des siècles.