« Tu ne voulais ni offrande ni sacrifice, tu as ouvert mes oreilles ; tu ne demandais ni holocauste ni victime, alors j’ai dit : « Voici, je viens. » Ces versets du Psaume 39 ont été lus comme prophétiques de la mission du Christ. Ils indiquent aussi le chemin qui est celui de tous les Chrétiens : la fin des sacrifices extérieurs, l’attention à l’appel de Dieu et l’accomplissement de sa volonté.
« Tu ne voulais ni offrande ni sacrifice. » Tout l’AT est tissé de règles de sacrifices à accomplir pour entrer en relation avec Dieu Cela reprend le chemin naturel de l’humanité qui a toujours senti que c’était un moyen d’approcher la divinité, voire de l’amadouer. Ces offrandes et ces sacrifices sont de taille et d’importance variées. Ils dépendent à la fois de la situation sociale de la personne et de l’objet du sacrifice. Nous nous souvenons que Marie et Joseph ont offert « un couple de tourterelles ou deux petites colombes » pour le rachat de leur premier-Né en se conformant aux prescriptions de la Loi de Moïse. Ce qui est paradoxal, c’est que ces versets de Psaume appartiennent à l’AT et de l’intérieur de celui-ci annonce un nouveau culte. Ces dons, ces offrandes extérieures n’avaient de valeur depuis l’origine, depuis les sacrifices de Caïn et d’Abel, que par la présence personnelle qu’ils exprimaient. Le chemin spirituel de l’humanité est un chemin d’intériorisation et l’itinéraire spirituel d’Israël, consigné dans l’AT, en témoigne. Dieu ne veut pas nous dépouiller des biens qu’Il nous donne, il veut entrer en relation avec chacun de nous. Jésus entendra d’une manière pleine et entière cette prophétie et c’est un des motifs de la purification du Temple quand Il en chasse les marchands. Il abolit l’ancien culte faits de sacrifices extérieurs.
« Tu as ouvert mes oreilles ». Pour vivre une relation, il faut se mettre à l’écoute car la relation à laquelle Dieu aspire est un dialogue. Le nouveau culte passe par la Parole qui est à écouter. L’histoire sainte qu’Israël inaugure et que Jésus accomplit est ce long et profond dialogue de Dieu avec sa créature. Jésus est la personne où se réalise ce dialogue en vérité et parfaitement. Vrai Dieu, Il proclame tout ce que Dieu a à dire à l’humanité, vrai homme, il écoute au nom de toute l’humanité. Vrai homme, Il adresse à Dieu l’hommage de l’humanité, vrai Dieu Il entend toutes les prières humaines. Notre place est d’entrer ce dialogue unique et universel et il y a en chacun de nous une oreille que Dieu a ouverte et qui nous rend tous capables de vivre cette relation avec Lui.
« Me voici, je viens faire ta volonté. » Le nouveau culte que Jésus inaugure est une union profonde et intime entre Dieu et l’homme. Cette union se traduit par la recherche de la volonté de Dieu et de sa mise en œuvre. Dans un premier temps, c’est le respect des commandements. Ils sont universels et nous permettent de vivre ensemble. Mais la recherche la volonté de Dieu va plus loin. Il s’agit de découvrir ce que le Seigneur me propose de vivre ici et maintenant, ce qu’Il me demande de faire concrètement avec le temps qui est le mien, avec mes proches, avec les moyens dont je dispose, quelle orientation ma vie peut prendre en raison de la volonté du Seigneur. Jésus réalise d’une façon unique et parfaite cette volonté d’amour de Dieu pour les hommes. Vrai Dieu, Il exprime un amour indépassable à l’humanité. Vrai homme, Il réalise jusqu’au bout cette volonté de Salut. C’est pourquoi à Gethsémani, Il dira : « Père Ta volonté, pas la mienne. »
Notre présence à la messe n’est pas l’accomplissement d’une obligation cultuelle extérieure. Elle est le lieu où nous sommes rendus témoins de la réalisation parfaite de l’union de Dieu et des hommes en Jésus, où nous sommes rendus participants de cette unité de volonté entre le Père et le Fils. C’est ainsi qu’en communiant à l’amour et à la force de Jésus nous pouvons rechercher la volonté du Père pour nous et la mettre en œuvre. A notre tour nous pouvons dire, « Me voici, Seigneur, je viens faire ta volonté. »