« Ayez tous un même langage. » Au lendemain de la semaine de prière pour l’unité des Chrétiens, l’exhortation de St Paul demeure actuelle. Nous pourrions croire que l’unité est un combat récent, né des divisions qu’a connues l’Église au cours de son histoire. En fait, dès le début, (1 Co est de 55 ou 56), des courants ont marqué des différences et ont fait des divisions. St Paul nous indique, fort à propos en ce Dimanche de la Parole de Dieu institué par le Pape François, le chemin de l’unité : que résonne en nous la Parole du Christ.
Le Christ a été crucifié pour nous. St Paul parle même du langage de la Croix (logos tou staurou). La Parole du Christ, c’est sa vie, sa mort, sa résurrection. Le premier pas de l’unité chrétienne est d’abord de contempler l’acte rédempteur de Jésus et le besoin que nous avons d’être sauvés. La parole de la Croix est celle par laquelle Dieu nous dit tout son amour. Elle est comme le soleil que nous ne pouvons regarder en face et que nous devons filtrer pour en saisir un rayon. Marie au pied de la Croix se laisse enseigner. P. Claudel : « L’enseignement que Jésus a donné minutieusement, comme ligne à ligne, aux pèlerins d’Emmaüs, c’est à livre ouvert qu’Il l’administre à Marie, la Femme forte. Tout ce Marie a appris depuis les genoux de Ste Anne, toutes les promesses, le désir incandescents des prophètes, tout cela dans son cœur s’est mis à respirer, à comprendre, à regarder et à savoir ! » Marie ne pleure pas sur elle-même, elle contemple le mystère du Salut préparé par l’Esprit et accompli par le Christ. Plonger dans le langage de la Croix est le premier pas de l’unité des chrétiens.
L’Évangile et non la sagesse humaine. St Paul rappelle qu’il a été envoyé « proclamer l’Évangile sans avoir recours au langage de la sagesse humaine. » Nous ne faisons pas toujours bien la différence entre l’Évangile et les sagesses de ce monde. Les catéchumènes qui découvrent l’Évangile sentent immédiatement cette différence. Or, notre unité est mise en péril par une sagesse trop humaine quand nous appliquons à l’Église des catégories qui ne sont pas celles de l’Évangile. Souvent, nos divisions viennent de la pensée du monde que nous laissons primer sur l’Évangile. Il ne s’agit pas de nous replier derrière les mots de l’Évangile et de nous couper du monde ; il s’agit de puiser dans la culture de ce monde des instruments de pensée et de passer au crible de l’Évangile la pensée de ce monde. L’Évangile nous fera dépasser les intérêts immédiats propres à ce monde et nous permettra de regarder plus profondément et plus loin l’homme et le monde.
Nous avons été baptisés au nom du Père et du Fils et du St Esprit. L’unité des Chrétiens procède de l’Unité même de Dieu. Non seulement, ce n’est pas au nom de Pierre ou Paul que nous avons été baptisés mais notre baptême nous engage à découvrir la vie trinitaire qui est en nous. Par le Père, nous sommes inconditionnellement aimés, nous recevons le don de la vie et sommes enrichis de talents différents. Par le Fils, comme le Christ, nous recevons une mission unique (que chacun devra découvrir dans le secret de sa prière avec le miroir de la Parole de Dieu et l’aide de l’Église) qui sera notre accomplissement. Par l’Esprit, nous puisons en Dieu l’amour, la joie et la force.
Que cette Eucharistie, sacrement de l’unité de Dieu avec l’humanité, laisse résonner en nous la parole de Dieu qu’est le Christ pour que son amour nous unisse à Lui et les uns aux autres maintenant et dans les siècles des siècles.