LA BASILIQUE

L’Eglise, communion et communauté

24 mai

Les Apôtres avec la Vierge Marie au cénacle figurent l’Église en prière. C’est une communauté et une communion. L’expérience du confinement et du dé-confinement progressif nous a fait sentir le mystère de l’Église, communauté et communion.

L’Église est une communauté. L’expérience du confinement nous a fait sentir cette réalité communautaire. Mais ce fut en creux. L’impossibilité que nous avions de nous réunir nous faisait sentir douloureusement le manque de ces liens. En effet, l’homme est un être de chair et de sang autant que d’âme et d’esprit. Ce sont donc la présence et les gestes, les actes et les paroles qui sont la réalisation ordinaire de notre vie et de notre vie d’Église. L’Église prend le visage particulier que nous lui donnons par nos rassemblements. Plus encore, cette communauté n’est pas un simple rassemblement, elle est organisée et structurée ; elle a ses lieux, ses temps et ses rites, elle connaît des fonctions et des situations différentes parmi ses membres. Nos assemblées font plus que nous réunir les uns avec les autres, l’Église est une communauté historique, nos assemblées qui se succèdent dans les siècles nous mettent en connexion avec l’Église apostolique. D’une certaine manière, comme la succession apostolique depuis St Pierre jusqu’au Pape François exprime une continuité pour la hiérarchie, la succession des assemblées exprime quelque chose de cette continuité. L’Eglise est une réalité objective et factuelle qui ne peut être effacée au risque de la nier elle-même.

L’Église est une communion. L’expérience du confinement nous a aussi offert de sentir cette dimension d’une manière très forte. Le rassemblement existe en raison d’une foi qui unit les personnes et ces personnes vivent une expérience intérieure spirituelle commune. Cette communion vient de la parole du Christ que nous recevons et qui nous réunit. Elle est l’œuvre de l’Esprit qui agit dans le monde, établit et fait grandir l’Église. Cette communion ne vient pas de nous-mêmes, elle n’est pas le seul fait de notre consentement mais elle dépend de Celui en qui nous croyons et que nous adorons. Cette communion par Lui, avec Lui et en Lui rejaillit en communion les uns avec les autres même si nous sommes empêchés de nous retrouver, même si nous ne nous connaissons pas humainement, même si nous sommes d’autres lieux et d’autres temps. Le seul fait de se savoir de l’Église, d’être ce cette communauté nous met en communion avec ceux qui ont été renouvelés de l’eau et de l’Esprit, avec tous les hommes encore appelés à découvrir leur identité d’enfant de Dieu, frère du Christ et temple de l’Esprit. L’Église est une communion spirituelle qui dépasse les limites visibles de la communauté.

L’Église est une communion parce qu’elle est une communauté ; elle est une communauté parce qu’elle est une communion. Il est vain de vouloir séparer ce que Dieu a uni. Comme le Fils Eternel et Jésus de Nazareth sont le même, l’Église est une communion qui doit être une communauté et vice versa.

La communion des personnes serait une illusion si elle ne se traduisait pas par une expérience communautaire concrète qui honore les dimensions matérielles de la personne. C’est pour cela que l’Église a exprimé son amour de Dieu dans le secours des pauvres ; c’est pour cela que l’Église a aussi un visage social particulier dans tel lieu, dans telle paroisse, des réalisations locales précises avec parfois une épaisseur bien humaine.

Cette communauté ne serait pas l’Église si elle n’était pas une communion qui traverse le temps et l’espace pour atteindre l’éternité elle-même. Pour être plus qu’une réalité seulement sociale, elle doit désirer l’Esprit et accepter de laisser brûler intérieurement les logiques et les appartenances seulement humaines. Cette œuvre de l’Esprit vient élargir le regard au-delà des intérêts et des mérites personnels, au-delà du temps humain, au-delà des vues humaines.

Pour cela l’Esprit agit à temps et à contretemps et l’Église exprime sa réalité ici-bas à la fois dans le cours des événements et à contre-courant de ceux-ci, à la fois dans la concertation avec les hommes et dans la contradiction avec le monde, selon l’Esprit qui est donné aux uns ou aux autres afin que l’Église ne se confonde pas avec le monde et que la communion ne se réduise pas à une simple solidarité.

 

Que cette Eucharistie qui nous réunit physiquement pour un certain nombre d’entre nous et nous met en communion les uns avec les autres et avec beaucoup d’autres encore nous aide à être profondément des hommes et des femmes d’Église en communion avec le Père, le Fils et l’Esprit maintenant et dans les siècles des siècles.