« Je vous exhorte par la tendresse de Dieu, à lui présenter votre corps en sacrifice vivant, saint, capable de plaire à Dieu : c’est là, pour vous, la juste manière de lui rendre un culte, l’adoration véritable » Ce passage de St Paul nous invite au culte spirituel. Il rappelle que la vie chrétienne ne se réduit pas à des actes de piété ou des actes rituels mais qu’elle est une réponse de tout notre être à la miséricorde de Dieu, à la tendresse de Dieu.
«Latréia logiké » : « La juste manière de lui rendre un culte. »
« Latreia », c’est le culte de latrie réservé à Dieu, l’adoration. Nos grands-mères nous disaient « on adore que Dieu seul. » Parce que donner à un autre que Dieu ce culte-là, c’est de l’idolâtrie.
Le culte de latrie est l’hommage du cœur, de l’intelligence et de la volonté adressé à Dieu. C’est ce qui lui est dû parce que Dieu est Dieu ! Rendre à Dieu un culte. C’est d’abord une question de justice. C’est de Lui que nous tenons « la vie, le mouvement et l’être. » Puisque tout vient de Lui, nous Lui rendons ce culte en Lui accordant la primauté dans notre vie car « sans Lui nous ne pouvons rien faire. » Cette adoration est la primauté de notre hommage. Jésus le rappelle à son tour : Il nous dit bien que « le 1er commandement c’est d’aimer Dieu de tout son cœur, de toute son âme et de tout son esprit. » Cette priorité divine est la condition du respect de toutes les autres.
« Logike » C’est en référence à la raison. Il s’agit donc du culte à la fois raisonnable, conforme à la rationalité, conforme à l’intelligence, conforme à ce que nous pouvons comprendre de Dieu et de l’homme. Car Dieu n’attend pas de nous des hommages farfelus comme l’histoire religieuse de l’humanité en tant a montrés et en montre encore. Notre réponse religieuse ne peut pas être une réponse insensée, déraisonnable. Même si Dieu est au-delà de tout, qu’Il est l’Inconnaissable, Il y a en nous, dans notre nature rationnelle, quelque chose de Lui. Notre culte doit donc honorer l’intelligence autant que le cœur.
« Logike » c’est aussi en référence au Logos, le Verbe Eternel qui s’est fait chair en Jésus. C’est donc le culte conforme au Christ. Le Christ est bien l’homme qui accomplit envers Dieu le culte véritable, le culte parfait. Jésus par sa vie et par sa mort, par sa parole et par ses actes est le Grand Prêtre qui accomplit le Sacrifice pur et saint, le sacrifice parfait devant Dieu. Suivre Jésus, c’est aussi rendre au Père le culte qui Lui est dû.
Somata « votre corps. » Le culte chrétien se joue dans le corps, dans la vie que nous menons avec notre corps, dans nos actes et il ne faut pas imaginer une religion purement intellectuelle, où la spiritualité serait déconnectée de la vie du corps. C’est la logique de l’Incarnation qui se poursuit. La manière juste de rendre un culte à Dieu est de vivre conformément à la volonté de Dieu.
A l’époque où Paul écrit, le culte envers les divinités païennes et la vie sont déconnectés, ce sont des sacrifices extérieurs, et vis-à-vis du monde juif, Paul se distingue en rappelant que « le Royaume de Dieu ne consiste pas en des question de nourriture ou de boisson », on peut rajouter que ce ne sont pas non plus des questions de vêtement ou de barbe. C’est notre rapport aux autres, au monde, c’est la bonté de nos actes qui révèle notre religion. Le Chrétien n’accomplit pas des rites magiques mais le premier lieu de culte, c’est sa propre vie. La plus belle offrande qu’il puisse accomplir, c’est l’obéissance à la volonté de Dieu, ce Dieu qui le sauve en Jésus Christ. Le plus beau cantique qu’il puisse chanter est la joie de Le connaître et de Le faire connaître.
La messe que nous célébrons n’est pas un sacrifice extérieur mais la célébration du culte parfait que le Christ a accompli et dont Il nous fait les témoins et les participants. Célébrer l’Eucharistie nous permet de recevoir le Christ et nous engage à Lui offrir nos corps en sacrifice saint, en sacrifice vivant, c’est à dire à ce que nos mains deviennent celles de Dieu et comme Lui à rechercher et à accomplir la volonté de Dieu, une volonté infiniment aimante.
Que cette Eucharistie nous aide à toujours mieux entendre et à répondre toujours plus fidèlement l’appel de Dieu qui nous devance. C’est ainsi que le Seigneur veut sauver notre vie maintenant et dans les siècles des siècles.