LA PAROISSE

La force du Christ

9 Août

« Le murmure d’une brise légère. » Apprendre à reconnaître les signes de la présence de Dieu, cela aura été la tâche des prophètes jusqu’à la pleine révélation dans le Christ. Le prophète Elie se trouve à un tournant de cette progression. Quand Jésus marche sur les eaux, Il manifeste son autorité sur la force des éléments.

 

 

Les signes de puissance : l’ouragan, le tremblement de terre et le feu. Les premiers temps de la révélation auront été ceux des signes de puissance. La manifestation de Dieu au Sinaï avec Moïse lors du don de la Loi est relatée avec ces mêmes signes. Le Seigneur est bien le Tout-Puissant et ces signes le manifestent de manière immédiate. Pourtant le Seigneur sait que cette puissance sera mal interprétée. L’expérience de la puissance est souvent identifiée à la capacité de nuisance et à celle de destruction. Le prophète Elie ne vient-il pas d’égorger les prophètes de Baal après avoir démontré leur mensonge et leur vacuité. Or comme le Psaume le chante : « Ce que dit le Seigneur c’est la paix pour son peuple. » C’est pourquoi la révélation devait se préciser.

Le signe de douceur : le murmure d’une brise légère, littéralement : une voix d’un fin silence, c’est à dire pas grand chose, sinon presque rien. Le prophète Elie sort et couvre le visage à ce moment-là car il y reconnaît la présence de Dieu. C’est un signe négatif, un signe d’absence qui révèle néanmoins sa présence. Ce signe négatif vient contrebalancer les signes de puissance pour ne pas confondre les manifestations de puissance et Dieu Lui-même. Cela prépare déjà les cœurs à reconnaître Dieu là où Il ne nous semble pas devoir être, là où Il ne sembla pas pouvoir être.

L’Évangile illustre et prolonge cette révélation. Cette barque battue par les vents représente l’Église dans sa pénible traversée du temps. Lors de la traversée, les disciples sont confrontés à la force des éléments. Le vent était contraire. La force du vent effraie Pierre. Il est une tentation d’identifier la contradiction des éléments et des événements à la volonté de Dieu, à des signes divins. Les disciples sont apeurés, bientôt découragés. En marchant sur les eaux, Jésus manifeste sa domination paisible sur les éléments et leur puissance.

Derrière le miracle (qui n’est pas une invitation à nier les éléments), la leçon est de ne jamais perdre le Christ de vue, Lui qui traverse la contradiction des événements. Cette domination, Jésus la partage avec Pierre tant que Pierre concentre son attention sur Jésus et son appel. Il figure l’Église qui n’a qu’un seul repère, le Christ. L’Église forte de sa foi avance malgré l’adversité. Si comme Pierre, elle s’effraie de la force des éléments contraires, elle perdra pied et se laissera engloutir par la difficulté.

Quand le Christ monte dans la barque, la violence des éléments cesse. La paix est le signe authentique de l’action et de la présence de Dieu.

 

Aujourd’hui, les signes de contradiction de manquent pas. Chacun de nous pour sa part et l’Église dans le monde nous sommes confrontés à la force d’éléments contraires. Ils sont naturels (l’épidémie de COVID…), environnementaux (le dérèglement climatique…), sociaux (la crise économique…), politiques (crise de l’autorité et des institutions…) ou religieux (le développement agressif d’autres religions…). La puissance de ces éléments ne les qualifie pourtant pas de divins. Ils sont comme l’ouragan mais Dieu n’était pas dans l’ouragan. Par contre, ils peuvent nous effrayer si nous perdons de vue le Christ qui seul est Dieu.

Chacun pour sa part et l’Église elle-même, nous avons à toujours porter notre regard sur le Christ qui domine toute chose. La fermeté de notre acte de foi commandera notre liberté face aux difficultés et la justesse de notre discernement.

Que cette Eucharistie où Jésus nous tend la main en se donnant à nous nous aide à ne jamais perdre de vue le Seigneur Jésus qui règne pour les siècles des siècles.