LA BASILIQUE

Guéris ou sauvés?

13 Oct.

Sauvés ou guéris. Tous les lépreux ont été purifiés mais c’est à un seul qu’il est dit :   « Ta foi t’a sauvé ! » Il y a une grande différence entre les deux. Pour essayer de la saisir reprenons les étapes de la rencontre et recherchons ce qui a pu faire la différence.

 

« Jésus, maître, Prends pitié de nous. » La supplication est la même de la part du groupe. La différence, s’il y en a une, n’est donc pas dans les mots mais dans la manière de les habiter. Supplier n’est pas seulement indiquer la misère pour laquelle on réclame un secours. La prière, elle-même, n’est pas seulement un ensemble de mots et de phrases. Il s’agit d’être présent dans sa prière. L’enjeu d’une supplication est en enjeu d’intensité de présence. Peut-être qu’à force de prier ou de supplier, les mots ont pris le dessus sur la présence. Les mots peuvent sortir machinalement et ne pas emporter avec eux l’intention et le cœur de la personne. Ce n’est pas une question de différence extérieure de la prière, car la prière peut être litanique ou sobre en mots, c’est bien une différence d’intensité de la présence. Autant nous devons prier souvent et régulièrement et même « sans cesse » dit le Seigneur, autant nous devons être attentifs à la manière dont nous sommes présents dans notre prière.

 

« Ils furent purifiés. » La lèpre, comme toute maladie, n’est pas seulement une maladie. Elle est une affection physique pour celui qui la subit, elle a une portée sociale d’exclusion et est souvent perçue comme une malédiction. Ici, la lèpre est cette maladie infectieuse chronique mutilante. La société s’est longtemps protégée par le regroupement et l’éloignement des lépreux formant une société parallèle de morts-vivants. Elle est enfin comprise comme une impureté, la marque visible du péché.

Dès lors, guérir suppose d’atteindre l’ensemble de ces dimensions qui expriment la relation de l’homme à lui-même, aux autres et à Dieu, chaque fois, ce sont différents niveaux de profondeur qui sont atteints. Jésus quand il guérit, par sa puissance, rétablit l’homme dans ces trois dimensions, « corps, âme, esprit. » Jésus est l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde. Il a pris sur Lui le poids et la souffrance spirituels de la maladie des lépreux, comme sur la Croix, Il porte en Lui le péché du monde. Le problème est de savoir ce que les personnes guéries perçoivent elles-mêmes de leur guérison.

 

« Il revint sur ses pas en rendant gloire à Dieu. » Tous sont guéris mais seul le Samaritain comprend que Jésus l’a libéré de la malédiction. Les autres semblent encore sous le coup du mensonge de cette malédiction. Ils croient avoir été maudits et peut-être l’être encore.

Le Samaritain en revenant sur ses pas exprime l’action de grâce de l’homme qui identifie la merveille que Dieu a accomplie pour lui. En se prosternant aux pieds de Jésus, il confesse aussi que Jésus est plus qu’un maître de sagesse ou un guérisseur, il reconnaît en Lui l’instrument du Salut, le doigt de Dieu. En se relevant – le même mot désigne la résurrection – il entre dans la vie nouvelle de ceux qui suivent Jésus. Le Samaritain est allé au bout de la rencontre que Jésus a faite avec lui et se fait disciple du Christ.

Le Salut est cette expérience du Christ qui dissipe toute idée de malédiction dont nous pourrions être l’objet. Cette expérience est plus forte que la santé ou la maladie. Elle établit en nous cette conscience de la présence du Christ à notre vie, nous libère pour chanter la gloire de Dieu et engage à marcher à la suite de Jésus.

 

Que cette Eucharistie où Jésus vient nous rencontrer nous purifie de toute idée de malédiction dont nous pourrions croire ce monde victime et que sachions accueillir la liberté qu’Il nous offre pour Le suivre maintenant et dans les siècles des siècles.