« Heureux es-tu Simon ! » Il y a un bonheur de croire que lui atteste Jésus. Cela fait écho à la parole d’Elisabeth à la Vierge Marie « Heureuse celle qui a cru ! ». Celui que promet Jésus à « ceux croiront sans avoir vu ! » Ce bonheur de croire n’est pas une œuvre humaine (la chair et le sang) mais il est un don de Dieu. Pour cela, il nous faut prendre le chemin que Simon-Pierre a emprunté.
« Au dire des gens, qui est le Fils de l’homme ? » Les gens qui entendent parler de Jésus se font une opinion dessus. Cette opinion est humaine, nourrie des informations plus ou moins parcellaires dont ils disposent et agencées avec les références qui sont les leurs. Hier, ils assimilaient Jésus à JB, Elie, un prophète… aujourd’hui, la même opération s’accomplit avec des sources différentes mais des résultats similaires : Jésus, l’éveillé ; Jésus, 1er communiste ; Jésus, l’homme qui devint Dieu ; Un musulman nommé Jésus…
Ces assertions témoignent plus des personnes qui les expriment que de Jésus. Elles ne procurent pas de bonheur car elles réduisent Jésus à une idée, elles ne sont que des propos que l’on répète sans penser par soi-même.
« Et vous, que dites-vous. Pour vous, qui suis-je ? » Jésus insiste auprès de ses disciples pour leur demander une réponse personnelle. Il continue de nous interroger personnellement. En fait, Il nous demande quelle relation acceptons-nous de tisser avec Lui. Il s’agit bien d’une relation avec Lui et pas d’une idée sur Lui. Une idée est une information, un raisonnement, une notion qui donne à penser. Une relation est un lien vivant que j’exerce avec une personne ou une communauté de personnes. Il y a une interaction entre les personnes en relation. Certes, il vaut mieux avoir des idées justes sur Jésus et c’est la tâche de l’Église d’y travailler mais le but est la relation vivante avec Jésus. Jésus attend de nous une parole personnelle, une parole qui nous engage, une parole où nous répondons nous-mêmes.
Pour dire qui est Jésus pour nous, il convient de Le fréquenter comme il nous a dit de le faire, de prendre conscience des lieux de cette fréquentation : par la lecture des Evangiles (car avant de se faire chair, le Verbe s’est fait lettre. Il nous parle par les Ecritures), par la prière, par les sacrements, par le recul que nous prenons sur les événements de notre vie car Jésus ne dédaigne pas nous rencontrer à travers nos frères. « J étais malade et vous m’avez visité, j’avais faim et vous m’avez donné à manger… » Notre réponse sera d’autant plus profonde que notre fréquentation sera régulière.
« Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant » Christ est pour tout juif le titre du Sauveur attendu. Pierre a appris dans son enfance religieuse le désir et l’attente de Celui qui devait libérer et rétablir Israël. Pierre reconnaît à Jésus cette qualité, il découvre Celui qui va combler son attente et celle de son peuple. « Tu es le Fils du Dieu vivant », Pierre découvre aussi en Jésus une intimité divine, une relation divine en Jésus, du Fils avec Dieu (le Père). Il y a une audace dans la confession de foi de Pierre qui déborde le cadre strictement juif et qui lui vient du Père Lui-même. Cela fonde son bonheur de croire.
Répondre à Jésus, comme Pierre, nous invite aussi à laisser le Christ illuminer notre attente la plus profonde, à reconnaître en Lui Celui qui vient me sauver de toutes mes tristesses, de mes solitudes, de mes blessures. Ce sera aussi le chemin que prendra la grâce pour oser croire plus loin, oser croire grâce à Dieu, à entrer dans la joie de croire, à entrer dans l’intimité divine du Christ avec son Père dans l’Esprit.
Dans cette audace de la foi, nous construisons nos existences non plus seulement dans un horizon humain mais dans ce dialogue incessant entre la terre et le ciel. « Ce que tu auras lié sur terre sera lié dans les cieux et ce que tu auras délié sur terre sera délié dans les cieux », ça nous concerne aussi à notre niveau. Nos vies prendront un poids d’éternité. Voilà le bonheur que Jésus procure et révèle.
Que cette Eucharistie nous fasse dire comme St Paul dans la joie de croire: « Quelle profondeur dans la richesse, la sagesse et la connaissance de Dieu ! Ses décisions sont insondables, ses chemins sont impénétrables ! Qui a connu la pensée du Seigneur ? Qui a été son conseiller ? Qui lui a donné en premier, et mériterait de recevoir en retour ? Car tout est de lui, et par lui, et pour lui. À lui la gloire pour l’éternité ! Amen. »